L’égalité entre les genres est un des enjeux sociétaux qui me tient le plus à cœur : force est de constater que le milieu de l’art ne fait pas exception en matière d’efforts à fournir (et loin de là !). Grâce à Take It Arty ! je m’emploie à encourager la visibilité des femmes artistes et à valoriser l’importance de reconnaître leur place dans l’histoire de l’art.
C’est donc tout naturellement, et avec un enthousiasme non-dissimulé, que je me suis inscrite au MOOC « Elles font l’art » proposé en réponse à la future exposition du Centre Pompidou Paris « Elles font l’abstraction ». L’occasion pour moi de revenir sur les motivations (et les artistes !) qui m’ont amenée à m’engager pour l’égalité entre les genres, dans mon travail comme dans ma vie quotidienne.

Trois artistes femmes qui m’ont marquée
Mes premiers émois avec l’art contemporain résonnent dans ma mémoire avec la découverte d’artistes femmes, et notamment, en premier avec le travail de Cindy Sherman.

J’étais alors au collège (dans les années 90/2000) et ma cousine rédigeait un dossier sur cette artiste fascinante. Je ne sais pas si c’est l’audace de sa démarche, les couleurs hallucinantes de ses photographies ou l’aspect théâtral de son travail qui m’ont le plus marquée, toujours est-il qu’elle est restée bien ancrée dans ma mémoire. Une exposition lui a été consacrée à la Fondation Louis Vuiton dernièrement (visuel) : à retrouver sur ce lien.
Mon deuxième coup de foudre a été pour Sophie Calle, au lycée je crois ou aux débuts de ma vie d’étudiante.

L’artiste française fait littéralement de sa vie son oeuvre. Elle raconte des histoires, particulièrement intimes et utilise divers support de narration / médiums artistiques. Mon premier contact avec son travail s’est fait avec la découverte de « Prenez soin de vous », un travail hypersensible et touchant autour d’une lettre de rupture amoureuse. Elle mettait alors à nue sa vulnérabilité, ses peurs et ses questions, partageait sa peine avec 107 femmes (et son public), qui à ses côtés, et en déployant tout un florilège d’installations et de techniques ont permis la formulation d’une réponse, de réponses.
Enfin, la troisième artiste qui m’a secouée, et pas des moindres : Tracey Emin. J’étudiais alors à Malaga en Espagne et avais la chance de pouvoir profiter gratuitement des expositions proposées au CAC Malaga (Centro de Arte Contemporaneo de Malaga), qui organise d’ailleurs en février un cycle de conférences autour des femmes dans l’art !

C’est donc tout à fait par hasard que j’ai découvert cette artiste anglaise à l’univers à la fois trash et fragil. Le musée organisait une exposition/rétrospective de son travail, qui, à l’instar de Sophie Calle, est articulée autour de la vie personnelle de l’artiste. Véritable touche à tout, elle manie couture, vidéo, sculpture, peinture, dessin… avec une aisance presque déconcertante. J’ai été subjuguée et happée par la puissance de son oeuvre, la force avec laquelle elle partage son point de vue de femme et la détermination avec laquelle elle a fait face aux difficultés qu’elle a rencontré dans sa vie. Féministe engagée, elle est l’une des deux seules femmes professeurs à a Royal Academy of Arts de Londres.
Un sujet qui « ne date pas d’hier »
Un sujet documenté et argumenté depuis des années et bien souvent… par les femmes ! Il semblerait qu’en 2021 les grandes institutions culturelles s’emparent enfin de la question. Les femmes sont très bien représentées sur les toiles, dans les films, en sculpture, etc. : elles sont l’objet, le sujet. Lorsqu’il s’agit d’asseoir les femmes en tant qu’artiste c’est bien plus délicat. Cette problématique a été abordée à maintes reprises et soutenue par l’essor du féminisme dans les années 70.
Je vous propose une sélection d’articles et reportages qui vient étayer le propos et soutenir le fait que cette question sociétale perdure depuis fort longtemps.
(Vous pouvez me faire parvenir d’autres ressources que je partagerai volontiers ici)
2012 – Une interview de l’artiste ORLAN :
https://www.franceinter.fr/emissions/les-femmes-toute-une-histoire/les-femmes-toute-une-histoire-11-mars-2012
Synthèse d’un article « Où sont les femmes ? » :
https://www.herodote.net/L_art_au_feminin-synthese-2067.php
« L’art féminin ou l’art des femmes ? » par Miroslava Grajciarova (Essais — 2003/10/06) :
http://sens-public.org/articles/49/
Sur le site de l’association AWARE qui souhaite réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire (à aller visiter !) :
https://awarewomenartists.com/decouvrir/artistes-femmes-les-grandes-oubliees-de-lhistoire-de-lart/
Entre le monde de l’art et le monde de la culture, il n’y a qu’un pas. En tant que femme tout d’abord, et professionnelle de la culture ensuite, j’ai, depuis le début de ma carrière, été assez perplexe devant la répétition des schémas patriarcaux dans un milieu où, on pourrait s’attendre, sur la bases de clichés inusités (« milieu créatif et solidaire », « artistes rêveurs et idéalistes »), à une parité « naturelle ». C’est loin d’être le cas.
Que ce soit dans la hiérarchie des structures/institutions culturelles (bien souvent un directeur, des médiatrices) ou dans la représentation des femmes sur le marché de l’art contemporain, on assiste au reflet fidèle des inégalités de genre observées dans toutes les sphères de la société. De même pour l’accès à la culture, où, là encore les femmes sont significativement moins nombreuses.
Il est essentiel d’encourager et de soutenir les initiatives actuelles dans le monde des arts et de la culture et d’agir en faveur de la parité, à tous les niveaux !
Hélène Voinson pour Take It Arty !