Au travers de l’œuvre « La leçon d’anatomie » de Rembrandt, on peut analyser la relation étroite entre le chirurgien, ici commanditaire, et l’artiste. Au-delà de l’aspect marchand de la réalisation, la peinture scientifique a permis une facilitation dans la transmission des savoirs en médecine dans logique documentaire par l’illustration : l’anatomie artistique.
C’est une approche qu’il serait intéressant de remettre en perspective avec les pratiques actuelles (photographie et imagerie médicale) : dans quelles mesures l’art et ses différentes formes d’expression peuvent-ils servir la médecine ? Y a t-il un art scientifique ? Le regard artistique a t-il influencé la recherche médicale et inversement ?
La leçon d’anatomie est une huile sur toile de 169,5 × 216,5 cm réalisée par l’illustre Rembrandt en 1632. Si l’histoire de la commande et de la réalisation de l’oeuvre en elle-même nous apprend beaucoup sur la culture de la représentation du corps à cette époque, elle révèle aussi un lien presque oublié tant il est évident : celui qu’entretient l’art, par le biais de l’artiste, avec la médecine, par le biais du/des sujets représentés.
Aujourd’hui, il paraîtrait bien incongru de faire appel à un artiste peintre pour rendre compte d’une découverte médicale concernant l’anatomie. Et pourtant, la nécessité de montrer les organes du corps humains est toujours actuelle (et polémique). Bien souvent, l’anatomie est illustrée, voire schématisée, par le biais d’illustrations manuelles bien plus que par des photographies, pour des raisons diverses et très compréhensibles : simplicité de compréhension, clarification…
Si les questions d’éducation et de vulgarisation scientifique expliquent largement l’idée nécessaire de représentation, elles impliquent aussi la professionnalisation de cette pratique qu’est l’illustration médicale. Ainsi, ce métier particulier qui est né avec la Renaissance, perdure et se transforme. Des formations professionnelles d’illustrateurs médicaux sont dispensées et nombre de candidats diplômés chaque année comme le souligne cet article canadien datant de 2008. Il en va de même pour le métier de photographe médical.
Mais à l’heure du tout numérique et des modélisation 3D, qu’en est-il des pratiques artistiques dites « traditionnelles » en milieu médical ?
Il apparaît donc évident que l’art sert la médecine et ses progrès et qu’un « art médical » s’est vu légitimé au fil des siècles. Les nouvelles formes d’art numérique vont donc, à l’instar de la peinture, du dessin et de la photographie, suivre le chemin de la professionnalisation… Mais pourra-t’on alors parler d’artistes numériques médicaux ?
Enfin, cette réflexion nous amène à la question de l’influence réciproque exercée par ces deux domaines. Sans parler de rapport de force, puisqu’il semble que l’Art et la Médecine aient toujours fait bon ménage, il est inévitable de se questionner sur les éventuelles répercussions du premier sur la deuxième et notamment sur les découvertes et innovations qu’il aurait pu engendré. Il va de soi que la médecine a fait d’incroyables progrès lorsqu’il a été permis de représenté l’intérieur du corps humain.
Dès lors que l’on tente de s’approcher au plus près de l’infiniment petit, de l’imperceptible, on peut arguer que la représentation artistique (qui revêt une valeur testimoniale) de ces observations servent le progrès de manière général, et donc la recherche médicale tout autant que les autres disciplines scientifiques, sociales, historiques… On en revient à l’essence même de l’art, une essence de l’Art de part le rôle de témoin du temps qu’il adopte.
Article rédigé par Hélène Voinson pour Take It Arty !
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